Les dynamiques des migrations clandestines de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe

Étude réalisée par Nicolas KLINGELSCHMITT

Ce document de recherche, divisé en trois articles, a pour objectif d’apporter un éclairage général sur un phénomène d’envergure internationale, en abordant à la fois ses aspects politiques, économiques, humanitaires, sociaux et légaux.

Abstract

Il se concentre dans un premier temps sur les principales motivations des individus migrants légalement et illégalement depuis l’Afrique de l’Ouest subsaharienne et leur profil, avec une emphase sur la situation de la République de Côte d’Ivoire, particulièrement concernée par le phénomène puisque plus de 10 000 ressortissants Ivoiriens sont arrivés clandestinement sur les côtes italiennes en 2017 (OIM Côte d’Ivoire 2018). Le cas de la République Fédérale du Nigéria, pays le plus peuplé du continent africain, compte également le phénomène des migrations clandestines parmi ses problèmes sociétaux saillants et sera donc pris en référence.

Dans un second temps, le tracé principal de ces routes migratoires menant les émigrants Ivoiriens et leurs voisins d’Afrique de l’Ouest, centrale et de l’Est vers l’Europe ainsi que les enjeux économiques et sécuritaires attenants, notamment au Niger et en Libye, sont exposés.

Enfin, dans un troisième temps, les réponses à ce phénomène migratoire et aux problématiques qu’il soulève sont observées à travers un prisme multiscalaire allant des accords internationaux aux politiques publiques nationales encourageant le « retour au pays » que l’on peut observer en Côte d’Ivoire.

Conclusions

L’analyse des données issus des rapports et études menées ces 4 dernières années montre que les facteurs principaux poussant la population Ouest-Africaine à migrer, en particulier les Nigérians, les Guinéens et les Ivoiriens, sont dans la très grande majorité des cas la recherche de meilleures perspectives économiques notamment en termes d’emploi, et la pression démographique des zones urbaines telles qu’Abidjan et Lagos. La question de l’évolution de l’influence de cette pression démographique sur les phénomènes migratoires pourra revêtir une importance capitale dans un futur proche au vu du doublement prévu de la population du continent africain d’ici trente ans, et à l’urbanisation exponentielle que connaissent les sociétés africaines.

 Les migrants sont en grande majorité des hommes, d’une moyenne d’âge avoisinant les 25 ans (DGIE Côte d’Ivoire – OIM 2017). Ces derniers autofinancent le montant élevé (de 3000 à 6000€) de leur périple dont la majorité revient aux passeurs. Face au durcissement des lois sur les activités illégales de ces derniers au Niger combinée à l’augmentation de la dangerosité du territoire Libyen, les migrants ouest-africains tendent à privilégier désormais la traversée de la Méditerranée depuis le Maroc vers l’Espagne. Le royaume d’Espagne est ainsi devenu très récemment leur première porte d’entrée vers l’Union Européenne. L’issue de la récente reprise d’hostilités ouvertes en Libye et le maintien de la stabilité de la sous-région Saharo-Sahélienne face aux groupes criminels dits « hybrides » seront donc des éléments-clés à prendre en compte pour suivre l’évolution des routes migratoires de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe.

Enfin, face aux difficultés de mise en application des principes actés par les organisations internationales et à l’impossibilité de l’Union Européenne à répondre d’une voix unique aux questions migratoires méditerranéennes, une attention particulière devra être portée aux actions menées par les Etats d’origine ou de transit des migrants, opérées avec le soutien financier d’organisations et d’agences de coopération.

Partie 1: Pourquoi partir ? Les vecteurs d’un départ clandestin vers l’Europe

Partie 2: Économie parallèle, esclavage, et zones de conflit : les routes migratoires, un chemin semé de périls en constante évolution

Partie 3: Des mesures multilatérales et nationales pour tenter d’encadrer les migrations clandestines et répondre aux situations d’urgence humanitaire