Compte-Rendu de causerie: La Gestion des Ressources Humaines en Afrique

Jeudi 19 Avril 2018 s’est tenue une conférence- débat au 42 Rue de Grenelle, siège de l’Institut. A cette occasion, Mr Jean-Bernard Bruneteaux, ancien Directeur des Ressources Humaines dans de grandes entreprises et ancien enseignant à l’Université Catholique d’Afrique Centrale, auteur de l’ouvrage « Gestion des Ressources Humaines et Communication en Afrique » (à paraître, aux éditions de l’IAM), est intervenu sur cette grande thématique.

Existe-t-il une gestion des ressources humaines spécifique en Afrique ?

La véritable richesse d’une organisation (entreprise, société, association) repose principalement sur les compétences et le comportement des hommes et des femmes qui la constitue, leur motivation, leur contribution pour atteindre des objectifs fixés et sur leur faculté d’adaptation à des situations en évolution constante.

Quels enjeux en Afrique pour le développement individuel dans une société à tendance communautaire ? Comment gérer la diversité dans un univers de réseaux d’influence à tendance parfois clanique ? Comment adapter des principes communs à des contextes, économiques, sociaux et culturels différents ?

En Afrique comme ailleurs, la gestion des ressources humaines requiert un réel besoin de professionnalisme. Les différences de cultures peuvent provoquer des incompréhensions mais aussi faire émerger des complémentarités. Si les praticiens prennent en compte les diversités, les cultures africaines pourront apporter des éléments nouveaux et enrichissants à la gestion des ressources humaines.

La prise en compte des réalités culturelles, souvent différentes d’un continent à un autre mais aussi d’un pays à un autre ne doit pas être un alibi pour justifier des fatalismes mais doit permettre des complémentarités.

A titre d’exemples, le critère de recrutement par relation ou dépendance personnelle, familiale ou ethnique, ne doit pas outrepasser les critères de connaissance, d’expérience et de compétence requis pour une fonction, ou encore, la prédominance du groupe sur l’individu ne doit pas écarter l’évaluation des performances individuelles. L’autorité du chef, quelle qu’en soit la forme, ne doit pas être au détriment de l’autonomie, de la prise d’initiative et du développement de la responsabilité personnelle.

La mutation prioritaire de la fonction ressources humaines n’est seulement d’ordre culturel. Souvent encore limitée aux aspects réglementaires et administratifs, elle s’oriente sur le développement des ressources individuelles et collectives que les acteurs ont en eux.

Le défi de la fonction ressources humaines est aussi de rendre compatibles des rythmes économiques et humains qui sont, par nature, différents dans un monde devenu un grand village. L’homme doit apprendre à gérer le changement et non à le subir. Cela conduit à faire face à des concepts qui peuvent paraître opposés comme la rigueur de l’organisation et la flexibilité dans l’action, ou des objectifs communs et des moyens personnalisés.

La fonction ressources humaines ne peut plus se situer uniquement en aval d’une organisation mais elle joue un rôle déterminant dans la stratégie de l’entreprise quant aux décisions concernant la mise en place de structures et d’organisations humaines. Elle est rattachée à la direction générale.

Si les principes et techniques peuvent être pratiqués dans des contextes socio-culturels différents, ils nécessitent d’intégrer les réalités et les spécificités de l’environnement pour être efficace. Le responsable RH doit donc être conscient de ces particularités afin d’utiliser sa technicité de façon pertinente dans le respect de l’être humain, sa dignité et de l’éthique du travail pour atteindre les objectifs de performance de l’entreprise.

Simultanément la performance ne suffit pas à définir la mission de l’entreprise, elle a une responsabilité sociale et environnementale qui nécessite une transparence. Cette notion est à rapprocher d’une des valeurs immatérielle la plus importante pour tous les acteurs de l’entreprise : la confiance.

« Ce qui fait la différence entre un désert et un jardin, ce n’est pas l’eau, c’est l’homme. »

 

Jean-Bernard BRUNETEAUX

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5 Comments

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